[Fr] Interview : Sleeparchive (berlin)

C’est l’une des grandes révélations de l’année 2005. A 30 ans, le mystérieux et talentueux Sleeparchive alias Roger Semsroth, se pose en rénovateur d’une techno minimale “bleepy” et réussi en cinq maxis seulement à conquérir le cœur de la planète techno. Avec ses titres joués dans le monde entier, les soutiens des plus grands dj internationaux dont le patron du label minimal de référence m_nus, Richie Hawtin, qui l’a d’ailleurs compilé sur son dernier “mix”, il s’impose comme l’une des figures incontournables des musiques électroniques actuelles, distillant son incroyable live dans toute l’Europe et en Amérique du Nord ((lire le report au Cabaret Sauvage). C’est donc un honneur, sublimé par une immense joie pour Boing Poum Tchak! de le rencontrer, et par la même occasion, de faire sa première interview en France.

Nous sommes le 22 avril 2006, et ce soir, c’est au Cabaret Sauvage que cela se passe. A l’occasion de la sortie du nouveau mix de notre pilier national The Hacker, une grande soirée s’organise avec notamment en prestation live, le tant attendu Sleeparchive. Après s’être fait remarqué sur bon nombre de compilations dont celles de Richie Hawtin et de Jennifer Cardini, le berlinois « pur souche » né à Berlin-Est pendant la guerre froide, me donne rendez-vous à son hôtel, non loin du Parc de la Villette dans le XIX° arrondissement de Paris. Malgré un mois d’avril hésitant entre pluie, vent glacé et soleil réservé, ce samedi après-midi est étonnamment chaud, et marque peut-être le retour tant attendu d’un printemps qui se fait plus que désirer. 18 h, nous nous saluons dans le hall où Sleeparchive m’attendait, et après avoir échangés quelques politesses, décidons d’aller nous installer sur la terrasse du bar de l’hôtel. Les oiseaux gazouillent, l’air est agréable, je lui explique le fonctionnement de cette interview : pour chaque thème, une chanson sera jouée en rapport avec la suite de questions posées. Après avoir décapsulées nos bières et s’être mis (assez rapidement) dans l’ambiance, enregistreur déclenché, atmosphère décontractée, l’entretien peut commencer.

Sleeparchive : Je ne suis pas du tout bon en blind test, alors on verra…

(nb : les morceaux sont diffusés par les enceintes de l’ordinateur portable avec un son assez éloigné du Dolby 5.1)

Sleeparchive – Bleep 04 (sleeparchive)

(immédiatement) C’est moi. Finalement ce n’est pas si compliqué (rires).

Comment as-tu découvert la musique ?

A 10 ans j’écoutais Depeche Mode jusqu’à l’age de 16 ans où je me suis tourné vers des sons dark-wave comme Front 242, The Cure, et de l’ EBM. Après j’ai découvert Aphex Twin et à partir de 1995, 96 j’ai commencé à m’intéresser à Plastikman, Mika Vainio, Pan Sonic, des amis m’ont fait connaître Robert Hood et je me suis dit “oh my god, that’s cool stuffs, really good”, et aujourd’hui 80% de ce que j’écoute est techno. Mais je n’ai composé mon premier titre dans ce style qu’en octobre 2003.

Jamais avant ?

Non. Je n’avais pas le matériel pour. J’ai commencé par utiliser un synthé Roland SH-101 et une Groove box MC-303 super cheap. Je faisais de la musique dans le style de Bochum Welt : mélancolique et disco (sous le pseudonyme Skanfrom, ndr). Puis mon père m’a offert cette année pour mon anniversaire un ordinateur portable, et un ami m’a donné le logiciel Reason de Propellerhead. A cette époque je croyais vraiment qu’on ne pouvait pas faire de bonne musique avec un ordinateur sans machines analogiques. Mais j’ai essayé Reason et j’ai trouvé ça vraiment bien. La possibilité de faire des trucs que je n’avais jamais pu faire avant, et j’ai essayé de faire des (prenant une grosse voix en parlant du morceau Bleep 04) “tracks like this”. Juste après, Sleeparchive est né…

Tu as lancé ton label tout seul ?

Oui, avec l’aide de ma copine qui travaille chez Hard Wax (le célèbre magasin de disques et distributeur berlinois ).

Mais tu n’as pas essayé d’envoyer des demos à des labels en place ?

Non. Je ne l’ai jamais fait. Je trouve que c’est une perte de temps. Je connais quelques gars qui sont dans des labels et qui ne font que des blagues sur les demos qu’on leur envoie et tu ne reçois jamais de feed-back. Tu peux envoyer 20 copies à 20 labels et recevoir une seule réponse du style “hey super son, peut-être qu’un jour on pourrait le sortir, mais pas maintenant, blablabla”. Ca ne m’intéresse pas. Je trouve qu’au contraire, avoir son propre label est un bon moyen de garder un contrôle total sur ses travaux et savoir combien de copies tu vends. C’est plus facile je pense.

Tu n’as pas eu peur que ta musique ne marche pas au début ? Personne ne t’attendait et pourtant aujourd’hui…

Je suis un peu confus par la situation. Pour la première sortie, j’ai fait presser 500 copies dont 100 destinées à Hard Wax. Je pensais que c’était seulement ce que je pouvais vendre, étant donné que mon son se situe dans la veine d’un type que personne ne connait et qui a seulement sorti une poigné de disques entre 1993 et 1996 en Finlande ! Mais les choses ne se sont pas arrêtées là, car Hard Wax m’a vite redemandé d’autres copies…

Comment tu expliques le succès de ton son ?

Je n’en ai aucune idée ! Je n’essaye pas de faire des dance-tracks, et je ne sais pas pourquoi les djs jouent ma musique, mais j’en suis content car si tu sors un disque, c’est parce que tu souhaites que les gens l’achètent. Mais je ne comprend pas cet engouement car il y a tellement de choses qui sortent, dans un style similaire et qui sont plus dansant… Peut-être parce que mes titres sont si minimaux que tu peux les placer dans n’importe quel genre de set, et les mixer avec tous les styles.

Au fait, d’où vient ton nom ?

Cela n’a rien à voir avec ma manière de travailler. Je trouve juste que “Sleeparchive” ça sonne vraiment bien. Après c’est du pain béni pour les mecs qui vont dans les forums et qui aiment critiquer. Pas besoin d’expliquer si tu n’as pas aimé, il suffit d’écrire “ohh it makes me sleep”, “le nom dit tout”, etc…

Nathan Fake – Stops (border community)

Ca a l’air d’être assez récent. C’est fait par une fille ? Un garçon ? Vraiment ? (rires).

C’est Nathan Fake.

Ah oui je connais. J’ai un maxi chez moi, ça doit être The sky was pink.

Ce titre est un peu naïf, sweet, comme une enfance heureuse à la campagne, totalement à l’opposé de ta musique. D’où te vient ce goût pour la noirceur, la violence et l’abstraction ?

Tu penses vraiment que ma musique est dark ? Je ne crois pas. J’essaye de faire de la musique qui ne soit pas “fun” et sans mélodies. Avec mon ancien projet Skanfrom, inspiré par Bochum Welt, je jouais beaucoup de mélodies gaies. Je ne dis pas que c’est facile de faire des mélodies, mais je pense que c’est plus facile pour moi de faire des tracks dans ce style. De toute manière je ne veux plus en faire car j’en ai assez. Avec Sleeparchive je construis mes morceaux avec des bleeps et ce genre de choses en essayant que cela soit le plus simple possible. Mais je ne cherche pas à faire de la musique dark. Je tente plutôt de faire des tracks avec seulement 10 sons par exemple : une Bass Drum de 808, un Hit de 808, un white noise, quelques formes d’ondes basiques, ce genre de choses… Je ne souhaite pas utiliser d’autres instruments. Se limiter est vraiment quelque chose d’intéressant.

Tu ne cherches pas à exprimer des sentiments dans ta musique ?

Non. Juste du plaisir. Je ne veux pas que les gens trouvent ça fun, mais simplement qu’ils aiment.

John Tejada – Mono on mono (palette)

Je ne connais pas ce titre.

Il est américain.

C’est Butane ? Akufen ? Non il est canadien.

Il vient de San Francisco.

Hum… Je ne sais pas.

C’est John Tejada.

Ah, oui d’accord. Je pensais qu’il venait d’Angleterre. Je n’ai pas beaucoup de maxis de lui, mais je sais qu’il sort beaucoup de disques et dans de nombreux styles différents.

C’est vraiment un grand stakhanoviste de la production. Il sort un maxi par mois, plus des remixes un peu partout. Depuis 2 ans, tu n’as sorti que 5 maxis. Tu aimes prendre ton temps ?

La raison est que je gère à la fois le label où l’on trouve seulement mes productions et celles d’un de mes amis avec le Sleeparchive 04…

Attends, ce n’est pas toi sur le 04 ?

Non. C’est dans la veine Sleeparchive, mais cela sonne différemment de ce que je fais. Je pense que c’est le disque le plus dark de la série.

Mais tout le monde croit que c’est toi…

Oui je sais. Mais si quelqu’un me demande, je lui dis que ce n’est pas moi, sans toutefois donner le nom du gars qui l’a composé. En fait, quand ce sont mes productions, les vinyles sont transparents (et crois moi, tu perds pas mal d’argent pour cette “fantaisie”) sauf si je met des loops par exemple, le vinyle reste noir. Et si ce ne sont pas mes productions, le vinyle est bleu, comme pour le 04. Pour revenir à ta question, je pense qu’au bout d’un moment tu peux ennuyer les gens si tu sors trop disques sur des courtes périodes. Par exemple je suis un grand fan de Mathew Jonson. Et je suis vraiment content qu’il n’ai rien sorti depuis maintenant plusieurs mois, parce qu’au bout d’un moment c’est trop. Je pourrais sortir un album par an, mais sortir trop de disques trop souvent ce n’est pas bon, et je ne sais pas pourquoi, je sens que les gens risquent de s’ennuyer avec mes “bleeping tracks” et dire après trois ou quatre titres “oh ça suffit, on a compris le truc” (rires).

Le Sleeparchive 06 est prévu pour cette année ?

Oui pour cet automne normalement. Ca sera soit Papercup dans la veine du Radio transmission, (j’en ai quatre versions) ou alors Hospital tracks, un peu moins dance, plus bleepy. Il y a quelques mois j’ai passé une dizaine de jours à l’hopital, et comme on s’y ennuie pas mal, j’ai composé des atmosphère plutôt noisy et bleep. Donc pour le prochain ce sera Papercup ou Hospital tracks. Nous verrons bien (rires).

Mika Vainio – Muuntaja (sähkö)

C’est Pan Sonic ? Hum… Mika Vainio. C’est ce que je voulais dire.

C’est sorti en 1994 et les sonorités sont similaires à celles de Sleeparchive. Penses-tu que c’est mieux aujourd’hui d’explorer ce qui a pu être produit dans l’histoire de la techno, car peut-être que comme dans le rock’n’roll, il n’y a plus d’évolution ?

Non. Je pense qu’aujourd’hui tout va très vite. Tu peux avoir un style de musique qui arrive, et être remplacé par un autre au bout de six mois. Mais parfois je pense qu’on passe un peu trop vite, et qu’il reste des choses faire, à explorer. Je crois par exemple qu’il n’y a pas eu assez de disques produis sur ce genre de musique (sur Mika Vainio). Tu n’as pas beaucoup de disques qui sonnent comme cela et je me dis que j’aimerai bien avoir plus de maxis dans ce style. En tout cas je trouve que c’est plus intéressant que ce qui sort en minimal en ce moment.

Tu penses que les sons sont mieux organisés ?

Ils utilisent vraiment les sons qu’ils veulent. C’est pas genre “j’ai vingt sons pas trop mal, je vais les mettre en même temps et on verra bien”…

C’est que tu ressens quand tu écoutes des musiques actuelles ?

Oui un peu. Aujourd’hui Pour 300 € tu peux avoir un logiciel et faire ce que tu veux. D’une part c’est bien parce que c’est facile de faire cette musique, mais de l’autre coté il y a parfois des gens qui jouent quelques trucs, trouvent que ça sonne, et produisent un maxi sans se poser de questions… Mais en même temps si les gens aiment ce qui sort (que je trouve cela bon ou mauvais), ça ne me pose pas de problèmes.

Dominik Eulberg & Gabriel Ananda – Schierker kreisel (traum)

Hum… (l’air dubitatif) Qu’est ce que c’est ?

Dominik Eulberg et Gabriel Ananda. Pour ce maxi, ils ont réunis leurs studios pour produire ensemble. Et toi, es-tu intéressé par le fait de collaborer avec un autre ?

Non pas vraiment. Penses-tu que ce titre est meilleur que si il avait été produit par un seul gars ? Je pense que, même dans des styles de musiques comme le rock, l’indus, la techno, la drum’n’bass, si quelques mecs vraiment cool se rencontrent pour faire de la musique ensemble, normalement le résultat est nul. Je ne sais pas pourquoi, j’ai fait beaucoup de collaborations chez moi, et à chaque fois c’était à chier. Genre tu rencontres un gars qui te dit “nan attend, cette mélodie je vais la garder pour moi, pour un prochain titre”… Je ne sais pas, je ne suis pas un grand fan des collaborations et j’aime travailler seul.

Modeselektor – Dancing box – Sleeparchive remix (b-pitch)

(Au bout de quatre secondes) C’est moi.

Le kick est vraiment énorme, c’est la guerre !

Oui, j’ai juste utilisé les (très bons) samples que m’ont donné les Modeselektor et les ai un peu retravaillé. Je me suis inspiré des tracks de Surgeon pour le faire. Ce n’est pas que j’essayé de le copier, mais j’étais vraiment dans ce trip quand on m’a proposé le remix. J’ai mis pas mal de temps pour le faire, en travaillant tous les jours 5 ou 6 heures, pendant deux semaines.

(pendant que l’on se ressert une petite bière, je sors mon magazine Trax du mois d’Avril, avec le blind test d’Ellen Allien et Appart où apparaissent les réactions de la belle Ellen sur ce titre)

Oui dit moi ce qu’elle raconte sur Sleepy. Ca doit être du style (en imitant la patronne de b-pitch) : “this guy looks so terrible, but the music is ok”, quelque chose comme ça (rires).

Ellen Allien : “Sleeparchive est celui qui a fait les meilleurs disques parmi les dernières productions techno. C’est frais, inventif et extrêmement rythmé, c’est sale et clair à la fois. Tout le monde est en train de le copier maintenant. Pendant un moment personne ne savait qui c’était à Berlin, c’était un grand mystère. En fait c’est juste un nerd qui à l’air aussi ennuyeux que les autres (rires). Mais j’aime énormément ce qu’il fait et je suis particulièrement fière de ce remix qu’il a fait pour nous.”

Ah ! c’est plutôt pas mal (rires). Mais je ne pense pas qu’on me copie vraiment. Je ne vois pas un disque qui sonne vraiment comme du Sleeparchive.

Le remix est-il une forme d’émancipation, pour aller signer sur des plus gros labels ?

Non, pour le moment je ne me pose pas de question quand je produis pour un autre label, parce que je pense que tout le monde sait que je sors mes propres morceaux seulement sur Sleeparchive. Mais beaucoup de gens me disent “si tu ne veux pas sortir de morceau sur notre label, peut-être aimerais-tu produire un remix ?” J’ai pas envi de faire le trou du cul qui se la joue en disant “non, je ne sors rien en dehors de mon label, etc”. C’est bien d’essayer d’explorer des nouvelles pistes aussi. Je pense que je n’aurai jamais sorti un titre comme le remix pour Modeselektor. C’est marrant car parfois on me propose un remix et au final les gens n’aiment pas le résultat parce qu’il s’attendent à du Sleeparchive et que j’en profite pour aller dans d’autres directions. Il y a aussi pas mal de monde qui pensent qu’on gagne beaucoup d’argent avec les remixes mais c’est faux ! (rires) Je vois plus ça parfois comme un vrai job, parce qu’il faut le terminer avant une date précise, et cela arrive qu’il nous plaise moyennement. On a envie repasser à ses propres compositions, mais on doit le finir avant…

Qu’est-ce que tu préfères : remixer, jouer live, produire ?

Je prends beaucoup de plaisir à jouer live, mais seulement si c’est de la manière dont je veux et non pas comme le public souhaiterai. Je prend juste mon laptop, comme dans le studio, je n’ai pas de contrôleur, et je peux comprendre que ca puisse ennuyer les gens de me voir jouer statiquement, mais je ne suis pas un groupe de rock. Au final j’ai dix sons, et avec ou sans contrôleur je fais de la musique électronique. Je pense parfois que ceux qui utilisent des contrôleurs pourraient jouer leur set sans, seulement on a l’impression qu’ils en font plus. Mais au final il font la même chose que moi sur mon laptop. Donc j’adore jouer live. Il y a pleins de titres que je ne veux pas sortir, mais qui donne du sens au set…

Tu testes les morceaux auprès des gens ?

Non ce n’est pas ça. Ce soir par exemple je vais jouer un morceau inspiré de Chicago, que je ne sortirai jamais à cause de la mélodie, et son coté un peu cheap et simple. Mais ça me fait plaisir de jouer ce genre de choses en live. J’adore travailler seul dans mon studio, mais j’aime aussi le live pour ce que j’ai dit et aussi parce que tu rencontres des gens sympas après les prestations, à qui tu payes des coups avec tes tickets boissons. Des mecs comme toi par exemple ! (rires)

Der Zyklus – Formenverwandler (gigolo)

(son vrai nom est Gerald Donald, plus connu sous Arpanet, Japenese Telecom, Heinrich Mueller, moitié de Drexciya, un des piliers de Dopplereffekt… Bref un mythe electro, au sens premier du style)

(en 3 secondes et ultra enthousiaste) C’est Heinrich Mueller ! Un de mes grands, grands, grands, héros. J’adore tout ce qu’il fait. Pendant un moment j’étais complètement dans l’electro, écoutant des trucs comme Adult, Electromorph, Dopplereffekt, et puis ce style a commencé à m’ennuyer. Mais pour moi il a sorti le meilleur album de l’année 2005 (sous Arpanet – Quantum transposition chez rephlex). Ca sonne nouveau, frais, moderne, et c’est le seul artiste de la scène electro auquel je m’intéresse vraiment. Une sorte de génie que je place au même rang que Mika Vainio et Aphex Twin.

Ce morceau a été compilé par Richie Hawtin sur son second mix DE9: Closer to the edit. Toi tu te retrouves sur sa dernière “compilation”. Qu’est ce que cela représente ? Une sorte de reconnaissance de la part des grands artistes techno ?

Son dernier mix n’est pas la musique dont je suis fan à 100 %. Mais je ne peux pas dire de mal sur Richie Hawtin parce que sans sa musique, je pense que Sleeparchive n’existerait pas. Je le respecte énormément. Et même si ce n’est pas tout à fait ce que j’aime, je suis vraiment très fier qu’il m’ai pris plusieurs titres.

Swayzak live @ Phoenix Festival – 2003 (unreleased)

(des petits problèmes informatiques empêchent le live de se lancer. Ce n’est pas grave on discute de Swayzak)

Je connais de nom, mais je n’ai jamais écouté de morceaux d’eux. (je bidouille pour essayer quand même de diffuser le morceau)

C’est pour un article, de l’audio ou pour une interview ce que l’on fait ?

C’est pour une interview traduite.

Ah bon alors ça va. Parce qu’après cette deuxième bière je sens que je vais commencer à raconter des conneries ! (rires)

(la musique démarre)

Comment s’est passée ta tournée en Amérique du Nord ?

Les gens étaient vraiment cool. A Détroit, les gars de Detroit Underground ont pris soin de moi. Mais les concerts étaient en réalité assez basiques. Je m’attendais à vivre des choses un peu spéciales, mais au final j’ai juste joué mes lives, et ça serai mentir que de dire “oh mon dieu, le concert à Detroit était hallucinant”. C’est juste qu’il n’y avait pas de feeling particulier. (là l’ordinateur n’a plus de batterie. Nous devons rentrer à l’intérieur pour le brancher sur secteur. Le soleil est en train de s’en aller, et un léger vent froid se lève).

(une fois dans le bar de l’hôtel, l’échange reprend)

A Detroit, l’ambiance était un peu bizarre. Le concert à Chicago était vraiment bien. Et j’ai bien aimé aussi ceux de New-York où j’ai fait des rencontres sympas, notamment deux mecs lors de ma première prestation dans un petit club le Sub Tonic (dit le Bunker), où l’ambiance était vraiment chouette. Ils sont venus me parler après le show et je me suis dit “ces types sont cools !”. Je les ai invités pour le lendemain où je jouais dans un grand club, et comme ils n’avaient pas de tunes je les ai mis sur la guest-list et on s’est bien marré. Je pense que je ne les reverrai jamais, mais ce sont les bons souvenirs que je garde.

En parlant de cela, quel est ton meilleur souvenir sur scène ?

C’était le deuxième concert que j’ai fait à Berlin au club Watergate. On me programme pour 4 heures du mat’ mais les organisateurs changent d’avis et me demandent de commencer à 3h30. Ok. Je joue mon set pendant une heure, je le termine, quand soudain, on m’annonce que le dj qui joue après moi n’est pas encore arrivé. Un silence de mort envahi le club. Et à ce moment là, quatre de mes meilleurs amis qui étaient dans la salle me lancent “hey vas-y improvise ! recommence ! joue ce titre et celui là encore !” Alors j’ai lancé un morceau, et ils se sont mis à danser comme des fous du sol au plafond. Ils ont commencé à me crier “et maintenant, balance les claps !” Alors je programmais de nouveaux beats, et lançais des claps, des kicks, etc. En fait je n’aime pas improviser. C’était juste parce qu’il y avait mes amis dans la salle et un feeling entre nous que j’ai continué à jouer, car je me foutais des clubbers autour. Et quand le dj est finalement arrivé il m’a dit “c’est cool ce que tu fais !” et il s’est assis et attendait en me regardant ! Et moi j’étais là, je me disais “putain vas-y met ton disque, j’ai déjà fini mon set”. J’arrête mon live. Il s’apprête à mettre un disque, puis hésite, il me regarde et fait : “oh non. Finalement continu encore une dizaine de minutes”. J’ai donc poursuivit, et c’était vraiment, vraiment bien. Je pense que le concert était à chier, du fait de l’improvisation, mais sur le moment c’était vraiment le pied.

The Hacker – Radiation (goodlife/different)

Ca sonne pareil que du Dopplereffekt.

C’est quelqu’un qui joue avec toi ce soir.

C’est The Hacker ?

Oui sur son dernier album.

Je connais son travail avec Miss Kittin, mais je n’ai jamais acheté de maxi. Je n’aime pas quand il y a une nana qui chante. Je ne sais pas pourquoi. J’ai par contre entendu un remix de lui qui est vraiment bien, dans le style EBM sur ghostly international fin 2005, pour Kill Memory Crash. Il a aussi mis sur sa compilation un de mes minimal tracks préféré : Notstandskomitee (le premier titre de son mix a.n.d.n.o.w.). Donc je trouve qu’il sélectionne plutôt de la bonne musique.

Tu connais un peu les artistes de la scène électronique en France ?

Non pas vraiment.

(je cite une liste d’artistes français, et il réagit sur Mr Oizo)

Je connais les disques de Mr Oizo. Bon ce qu’il fait ce n’est pas ma tasse de thé, mais je pense qu’il produit de la musique vraiment bien, à la fois barrée et pleine de bonnes idées. C’est sûrement un grand artiste et j’ai joué une fois avec lui à New-York. Les gens étaient fou sur son live. Il y avait Feadz aussi, et ce gars est super cool. Il jouait du Run DMC, ce genre de son. C’est un dj très expérimenté, et j’ai passé un très bon moment. Mais sinon sur les artistes français, je ne suis pas très calé. J’ai joué avec Vitalic à Chicago, je pense qu’il vient de France (sic). Mais c’est vraiment le genre de musique que je n’aime pas. Il a joué une sorte de “pure trance music” et voilà. C’est un jugement personnel, peut-être qu’il est bon, mais je n’aime pas. C’est comme les Pink Floyd. Je suis sûr qu’il font de la bonne musique. Mais je n’aime pas (rires).

Tu aimes sortir en club ?

Oui j’adore ça. Bon en ce moment ce n’est pas trop possible avec mon train de vie. Mais par exemple demain je vais voir un concert de hip-hop à Berlin (Mr Lif sur def jux). Par contre, c’est impossible pour moi de rester après 6h du matin. Si mon corps me dit stop, comme je ne prends pas de drogues (mon moteur c’est plutôt la bière), je suis obligé de m’arrêter. Quand je vais en after, je sors jusqu’à 3/4h, je rentre me coucher, et je repars le dimanche aprem’/soir, car à Berlin, la fête ne se termine jamais.

Tu va continuer le live cette année ? Après l’Europe et l’Amérique du Nord tu vas t’attaquer à l’Asie ?

On est en train d’en parler. Mais je ne souhaite pas aller au Japon tout seul.

Pourquoi ?

Parce que si je me perd, je ne saurais pas lire une carte pour me repérer. Je ne vois seulement que des symboles, et je ne saurais jamais rentrer chez moi (!). Donc je préférerais y aller avec quelqu’un, comme mon ami Dj Pete d’Hard Wax par exemple. Sinon au mois de juin, comme l’année dernière, je vais jouer en marge du festival Sonar, au Loft de Barcelone.

Pas de gros festivals pour cet été ?

Non. Je déteste ça. Je préfère aller dans des petits clubs. Ca te rapporte beaucoup moins d’argent, mais c’est tellement plus fun. J’aime jouer pour 50, 100 personnes car tu peux avoir une réelle interaction avec le public, voir par exemple que si les gens n’ont pas trop envi de danser, tu vas changer ton set et peut être jouer des tracks plus atmosphériques et bleepy. Devant 500 personnes ou plus, tu ne peux pas savoir, l’interaction est impossible. Par exemple ce soir je vais jouer le set que j’ai programmé et je ne le changerai pas, que les gens aiment ou pas.

(il est déjà 20 heures passées, et on le demande pour aller faire les sound-check au Cabaret Sauvage. Juste le temps de lui poser une dernière question avant de le revoir sur scène ce soir)

Un dernier mot ?

“Buy more secure stuff”. Tous ceux qui aiment la musique électronique minimale devraient avoir tous les classics du répertoire chez soi.

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